L'UE, ambassadrice de la paix

"Et de l'union des libertés dans la fraternité des peuples naîtra la sympathie des âmes, germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle et que l'on appellera la paix de l'Europe." Victor Hugo, 19ème siècle.

Malgré les problèmes actuels auxquels l’Union européenne doit faire face, je défends l’attribution de ce prix à l’Union européenne car elle récompense l’ensemble du processus d’intégration européenne qui a débuté au lendemain de la seconde guerre mondiale et a permis, pour la première fois dans l’humanité, la pacification d’un continent sur lequel s’étaient produites les pires horreurs, sur base de la réconciliation durable entre deux anciens ennemis.

Les pays qui ont pris part au projet européen connaissent la paix depuis plusieurs décennies et suscitent l’envie des voisins de l’UE dont la perspective de les rejoindre à moyen terme constitue une incitation à poursuivre leur efforts de coopération. En ce sens, l’Union européenne est sans aucun doute un modèle d’inspiration pour le monde entier.

Le succès du projet européen amène certains à considérer tout scénario de guerre sur le vieux continent comme relevant de la fiction.

Or si la table des négociations a remplacé la guerre, c’est grâce à la détermination et au courage des Pères fondateurs qui ont surmonté leurs rancœurs passées et ont cru en un projet qui était loin d’être évident en ces temps d’après-guerre.

« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent » déclarait Robert Schuman, le 9 mai 1950. Conscients de l'ampleur du défi qui les attendait, les Pères de l'Europe qui avaient eux-mêmes vécus l'atrocité de la guerre, ont tous été mus par une communauté de valeurs qui leur a permis de dépasser leurs différences et de surmonter les crises pour mener à bien un projet audacieux et nous léguer un héritage d’une valeur inestimable.

S’il est aisé de critiquer ce qui ressort parfois de réunions ou négociations trop longues, il est pourtant essentiel de se rendre compte que la principale réussite de ces discussions est d’avoir consolidé un esprit de compromis, un partage de valeurs, une communauté de destins qui ont permis de préserver notre continent de la guerre depuis six décennies déjà!

Si l’Europe est en crise aujourd’hui, c’est parce que nous avons négligé ces idéaux et ces valeurs communes au profit d'un individualisme exacerbé. Le capitalisme, et les crises qu’il a en partie déclenchées, ont engendré un monde avant tout égoïste où les hommes ne cherchent pas seulement à « vivre bien » mais où chacun tente de « vivre mieux », en adoptant un comportement de prédateur de la nature et de ses richesses. C’est l’heure des replis sur soi, des nationalismes, des doutes. Or, à l’origine, l’économie devait être un moyen et non une fin. Les dérives économiques ont miné nos ambitions. A force de faire fi de la facette humaine dans les prises de décision et de mettre de coté les valeurs qui ont fondé le projet européen, nous avons plongé le monde dans une crise économique et financière qui n'a épargné personne.

Certes, nous pouvons être fiers du chemin parcouru, mais il reste beaucoup à faire ! Moralisateurs et spectateurs passifs des théatres d'affrontements mondiaux, nos dirigeants semblent se reposer sur ces acquis, préférant juger les pays dits "en développement" au lieu de balayer devant leurs portes. Les Européens ont besoin de retrouver urgemment foi en l'avenir et pour cela, un retour aux valeurs fondatrices du vieux continent est indispensable...